Après que le Fire Emblem ait débarqué les deux autres groupes, à Vangiskeit puis à Galnear, il était temps pour le dernier groupe de se rendre à l’empire de Rostrogarr.
Jin mena l’aéronef jusqu’à la capitale impériale, car selon la missive, l’empereur souhaitait s’entretenir directement avec les mercenaires de Gaïa. Et, au vu de l’urgence que revêtait cette mission, il valait mieux ne pas perdre de temps.
Ainsi le Fire Emblem survola les terres du plus vaste empire du continent. Passant par-dessus les villes, les champs et les bois. Le paysage était semblable à celui de Flusseim, mais le voyage dura longtemps, car de grandes distances furent parcourues. Ainsi donc, l’empire de Rostrogarr était à ce point immense. Il était logique que ce groupe soit le dernier à débarquer, au vu du long voyage. Et au fur et à mesure que les heures passaient, et que les villes, les châteaux, et les champs s’enchaînaient, les mercenaires de Gaïa se sentirent de plus en plus petits, à côté de l’immensité de ces terres…
Enfin le Fire Emblm parvint aux abords de la capitale impériale. Escorté par des vedettes volantes de l’armée rostogarrienne, Jin dut poser son navire à quelques centaines de mètres de l’entrée de la métropole, car son entrée était interdite aux aéronefs.
Finley, Mwindo, Morgan et Lamne moirent pied à terre. Ils durent alors terminer le voyage à pied, dûment escortés par plus d’une dizaine de soldats de Rostrogarr. Portant le même uniforme, noir bordé d’argent, tenant droit leur lance avec une discipline parfaite, les soldats de Rostrogarr illustraient la rigueur et la puissance que dégageait leur Empire, au point d’en intimider certains des mercenaires de Gaïa.
Les soldats menèrent les mercenaires dans la capitale, une immense ville fortifiée, aux remparts impressionnants de plusieurs dizaines de mètres de haut, pour près de douze mètres d’épaisseur. De surcroît, à l’intérieur de l’enceinte principale, il y avait d’autres lignes de fortifications successives agrémentées de tours de guet.
Passé ces obstacles, l’intérieur de la ville ressemblait somme toute à ce qui se voyait ailleurs, des ruelles assez noires de monde, des habitations, des commerces… Mais les mercenaires n’eurent pas le luxe de s’y attarder. Les soldats les menèrent jusqu’au cœur de la cité. Là, s’élevait, majestueux, un palais aux dimensions vertigineuses. Très haut, culminant à près de 100 mètres de hauteur, avec des tours aussi longues que pointues, et façonné de pierres d’un noir de jais, le palais impérial donnait le vertige !
L’intérieur cependant ressemblait là encore à ce qui se voyait dans d’autres châteaux : des salles spacieuses, aux grandes cheminées pour compenser le froid des pierres, une décoration sompteuse avec de nombreux tapis, des tables luxueuses, de magnifiques tapisseries…
Les mercenaires furent invités à attendre en salle d’attente. Il s’agissait d’une très grande salle dotée de nombreux canapés, avec ses propres latrines, mais aussi un buffet composé de fruits, de viennoiseries et de divers jus et alcools en cas de petite faim.
Après avoir attendu plus d’une heure en salle d’attente, un domestique vint les voir, pour leur annoncer que l’empereur était prêt à les recevoir. Il les conduisit dans la salle du trône…
Une salle aux proportions incroyables, encore plus haute de plafond qu’une cathédrale. De part et d’autre de l’allée centrale, flottent des dizaines de banderoles monumentales, toutes affichant les armoiries de l’empire : un aigle de face, les ailes déployées, tenant dans l’une de ses deux serres une épée, et dans l’autre une lance. Enfin les mercenaires arrivèrent devant le trône, sur lequel siégeait un homme grand de taille, aux épaules très larges, il était tout aussi impressionnant que son empire. Il portait la couronne aux sept joyaux, la couronne transmise d’empereur en empereur depuis des millénaires. Il avait une barbe aussi blanche que ses cheveux, mais ses yeux étaient d’un bleu d’azur.
https://listenonrepeat.com/?v=W4-jS3C_LAs#Fire_Emblem%3A_Rekka_No_Ken_Soundtrack_(Remastered)%3A_The_Kingdom_of_BernEmpereur : Bien. Alors, les voici donc ? Les mercenaires de Gaïa… Je vous souhaite la bienvenue, j’espère que votre voyage s’est bien déroulé ?
Morgan : Sans encombres, merci.
Empereur : Je ne vous ai pas trop fait attendre, j’espère ? Il est vrai que mon emploi du temps est assez chargé, vous pouvez le concevoir j’imagine.
Mwindo : Non, nous n’avons pas trop attendu.
Empereur : Bien ! C’est très bien. Entrons dès à présent dans le vif du sujet.
Il se leva de son trône, et s’approcha un peu des mercenaires.
Empereur : Comme vous devez déjà le savoir, il y a, quelque part dans mon empire, un sinistre sorcier qui s’amuse à tourner mon armée en ridicule. Il a développé un sortilège qui permet d’affaiblir sensiblement les unités martiales. Nous ne l’avons pas compris tout de suite, et nous avons perdu plusieurs soldats suite à des combats contre des gredins engagés par ce sorcier. De fiers soldats de notre Empire, vaincus par de vulgaires malandrins ! Mais à force d’observation, nous avons fini par comprendre. Comprendre la nature de ce sortilège… Ses effets, ils sont d’autant plus puissants que la cible est puissante ! C’est du jamais vu dans notre Histoire, et pourtant, tout porte à croire que ce sorcier est parvenu à un tel maléfice. Je ne vous cache pas ma grande inquiétude suite à cette découverte, car, étant moi-même d’une puissance extrêmement élevée, je ne serais que plus sensible encore à ce sortilège ! Et ce vaurien pourrait s’en servir pour me renverser et prendre ma place sur le trône.
À ces mots, les mercenaires (sauf Lamne qui avait du mal à suivre) firent un regard interloqués : ils ne comprenaient pas en quoi le sorcier pourrait devenir empereur.
Empereur : Hum… Ah oui, j’imagine que vous devez être quelque peu incrédules si vous ne connaissez pas le fonctionnement de notre empire… Je me dois de vous donner quelques explications… d’abord sur l’hérédité qui fait loi en Rostrogarr, et puis, sur moi-même. Sachez que, en Rostrogarr, contrairement aux autres royaumes Beorc traditionnels, ce n’est pas l’enfant aîné d’un empereur qui devient empereur à sa suite. Non, le droit d’aînesse a été proscrit de nos lois, bien avant même le cataclysme, car il était jugé trop injuste.
Mwindo : Ah, vraiment ? Comment un empereur choisit son successeur en ce cas ?
Empereur : Il ne choisit pas son successeur… C’est son successeur qui s’impose à lui ! Voyez-vous, dans notre empire, tout homme, quelque soit son extraction, a le droit de provoquer l’empereur en duel à mort. Si cet homme venait à gagner son duel, alors il deviendrait le nouvel empereur !
Mwindo : C’est… étonnant !
Empereur : Je comprends votre étonnement, c’est une pratique très particulière, mais elle a deux vertus. La première est que les conflits de succession, qui dans les autres royaumes déchirent des familles, des frères et sœurs qui s’entretuent pour pouvoir monter sur le trône… Ces querelles n’ont pas lieu d’être ici. En outre, ce système permet à n’importe quel homme, même le plus pauvre, de pouvoir un jour devenir empereur. Mais vous vous doutez bien que cela n’est pas facile, car ce système fait qu’un empereur est forcément un être d’une grande puissance. Nombreux dans l’Histoire de notre empire sont les paysans privés de terres, qui par désespoir ont affronté leur empereur et en sont morts. Mais ce système permet à un empereur de n’être succédé que par un homme qui était au moins aussi fort que lui !
Mwindo : Je comprends, plus les empereurs se succèdent, et plus les empereurs sont puissants ! Mais… Hum…
Empereur : Tu as une chose à dire ? Tu peux exprimer ton idée, ne t’en fais pas, je ne te châtierai pas pour ça ! Tu allais dire que le puissance ne fait pas tout, n’est-ce pas ?
Mwindo : En quelque sorte votre Majesté. Dans ces conditions j'avoue ne pas voir ce qui empêcherait une personne malfaisante ou incroyablement stupide mais puissante de s'emparer du trône.
Empereur : C’est une critique redondante de notre système : en effet les empereurs ont souvent été de puissants guerriers, mais pas très fins en politiques. Mais c’est un écueil qui se compense avec les nombreux conseillers dont nous disposons ! Alors que les injustices dues au droit d’aînesse ne sont pas compensables. Et bien sûr qu’il se peut qu’une personne mauvaise ou malintentionnée puisse accéder au trône… Mais c’est tout aussi vrai dans le cadre du droit d’aînesse, c’est même pire, car alors c’est généralement le plus mauvais de la fratrie qui parvient à éliminer ses frères et sœurs pour s’accaparer le pouvoir… C’est pourquoi j’estime le système de mon empire le meilleur ! Mais passons. Je vais vous révéler à présent ma véritable nature. Vous comprendrez alors à quelle point ma puissance est élevée… mais aussi pour quelle raison les non-humains comme votre compagnon ne sont pas si malvenus dans notre empire.
Lamne : Euh, vous parlez de moi ?
Empereur : Si je ne m’abuse, tu n’es pas un Laguz, mais un Taguel, n’est-ce pas ?
Lamne : Et fier de l’être !
Empereur : De nombreux Beorc confondent les deux, soit par mépris, soit par ignorance.
Morgan : Mais, votre Altesse, hum… N’êtes-vous pas vous-même un Beorc ? Vous parlez comme si ce n’était pas le cas.
Empereur : C’est parce que ce n’est pas le cas ! Je ne suis pas un Beorc, voyez-vous. D’ailleurs, je ne suis même pas… un être humain…
Morgan : Que voulez-vous…
Mais à ces mots l’empereur se met à luire d’une lumière dorée. Il se transforme en une masse gigantesque ! Lorsque le halo de lumière se dissipe, il a pris une forme terrible qui épouvante les mercenaires, un dragon noir immense, de plus de vingt mètres de haut, et qui aurait près de cinquante mètres d’envergure s’il déployait ses ailes ! Seules sa barbe blanche, toujours la même, et la couronne aux sept joyaux qui de trouve au sommet d’une longe corne pointue, rappellent encore qu’il s’agit de l’empereur.
Dragon : Je suis un Dragon, enfant de la liberté. Jadis je vivais au plus haut des cieux. Mais, lorsque j’ai découverts l’existence des humains, enfants du savoir, j’ai eu envie de me mêler à eux, par curiosité. Il y a environ quatre siècles de cela, je suis ainsi descendu dans votre monde. J’ai provoqué en duel l’empereur d’alors de Rostrogarr, et, bien évidemment, je l’ai écrasé. J’ai alors pris sa place en tant qu’empereur.
Les mercenaires n’osaient plus dire un mot, à la fois épouvantés et ébahis par les révélations qui leur étaient faites.
Dragon : J’aurais pu régner en cachant ma véritable nature, mais alors, au fil des siècles, on aurait fini par se poser des questions sur ma puissance et ma longévité… Alors, dès mon couronnement, j’ai révélé ma véritable nature à mes sujets. Je leur ai montré que je n’étais pas un homme, mais un dragon. Et d’une certaine façon, cela les a rassuré. À l’époque, l’empire était tourmenté par des famines et des révoltes, dues à une mauvaise gestion par les empereurs. Par ma puissance incommensurable, j’assurais une stabilité du pouvoir.
Il reprit forme humaine.
Empereur : Au cours de mon long règne je réformai l’administration de mon pays. J’ai pu redonner à Rostrogarr le prestige qu’il avait mille ans plus tôt, et qui s’était lentement étiolé après le cataclysme. J’ai également reformé le droit, pour permettre aux non-humains de ne plus être au ban de la société. Bien sûr tout n’est pas encore rose, et de nombreux Laguz et autres Taguels sont discriminés par la majeure partie de la populace… Mais ils ne sont plus brûlés vifs, comme ce qui se passait autrefois ! Bien sûr, au cours de mon long règne, de nombreuses personnes ont essayé de me renverser. Mais, comme vous vous en doutez, aucune n’y es parvenue jusqu’alors. Elles ont toutes péries sous les flammes bleues les plus pures…
Morgan : Ça semble efficace.
Empereur : En effet, je ne te le fais pas dire ! Le problème, c’est qu’il y a à présent une autre de ces personnes qui pourrait y parvenir… en usant d’un sortilège aux pouvoirs terribles.
Mwindo : Ce sortilège… Il est donc plus efficace d’autant plus que sa cible n’est puissante. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Empereur : Bien entendu. Tenez, prenez ce parchemin ! Toutes les observations qui ont été faites y ont été retranscrites. Vous comprendrez mieux comment ce sortilège fonctionne, ce qui vous permettra de mieux vous y préparer.
L’empereur confia le parchemin à Mwindo.
Empereur : Maintenant voici mes directives. Vous vous rendrez dans la région à l’ouest de la capitale. C’est en effet dans cette zone que ce sortilège a pu être observé par le passé. Vous allez vous y rendre accompagnés de quelques uns de mes soldats. Vous enquêterez pour trouver le gredin qui utilise ce sortilège. Si vous deviez subir ses effets, alors vous pourriez profiter de la faiblesse de certains de vos membres pour subir un moindre contre-coup. N’oubliez pas que le sorcier dont je parle a fait appel à des voyous pour servir sa cause ! Vus risquez d’être attaqués par ce genre de brigands lorsque vous subirez les effets du mauvais sort, c’est pourquoi j’ai demandé aux plus faibles de votre groupe de venir pour cette mission : car eux pourront se battre encore mieux que d’ordinaire, mais vous verrez de quoi je parle en lisant le parchemin que je vous ai donné. Lorsque vous aurez retrouvé le sorcier en question, capturez-le si possible en vie. J’aimerais lui poser quelques questions… Toutefois, si vous constatez que vous ne parviendrez pas à l’attraper en vie, alors tuez-le. La menace qu’il représente étant top grande, il vaut mieux se montrer prudent. Bien, c’est tout ce que j’avais à vous dire ! Je vais vous laisser quelques instants pour vous remettre de vos émotions. Lorsque vous serez prêts à partir, faites-le savoir au capitaine Caret. Il dirige les troupes qui vous accompagneront dans cette mission. Je vous souhaite un bon courage, et, surtout, une bonne réussite !
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